Pour une première sortie publique, on pourrait dire que c’est une sortie réussie. Lors de sa conférence de presse annoncée depuis une dizaine de jours, Jean-Marc Kabund ex- président national a. i de l’UDPS, ex-Premier vice-président de l’Assemblée nationale et ex homme-orchestre de la majorité de l’Union sacrée au pouvoir a réussi à monopoliser l’attention de tous les médias non officiels de Kinshasa dans sa résidence cossue du quartier de Kingabwa à Kinshasa.
Et pour sa première, l’ex-homme fort du régime Tshisekedi n’a pas raté sa cible, avec des propos acides vis-à-vis de son ex-compagnon de lutte et des 3 années d’exercice du pouvoir.
Des coups de poignard
Des propos considérés par les nombreuses observateurs présents comme autant des coups de poignard sur le président de la République Félix qui Tshisekedi et de son régime.
« Il est évident que Félix Tshisekedi d’aujourd’hui doit être considéré comme un danger au sommet de l’Etat », a-t-il déclaré d’emblée lors de son adresse devant la presse. « Félix Tshisekedi est un jouisseur qui ne maîtrise pas le mécanisme de fonctionnement d’un Etat. Un état ce n’est pas la 10e rue », a-t-il souligné, faisant allusion au siège de de son ex-parti l’UDPS, où se rassemblent chaque jour des centaines de combattants à l’affût des nouvelles en provenance de la hiérarchie du régime en place.
Jean-Marc Kabund a annoncé dans la foulée la création de son propre parti politique, l’Alliance pour le Changement (AC), toujours en attente d’agrément au Ministère de l’Intérieur, a par la suite poursuivi son procès à charge contre le président Félix Tshisekedi et son entourage, qui l’avaient éjecté de la présidence de l’UDPS en janvier dernier, officiellement à la suite d’une altercation routière entre son escorte et un véhicule dans lequel se trouvait une personne de la famille présidentielle.
Mensonges, manipulation, détournements…
« Les caisses de l’Etat saignent jour et nuit“, a précisé la vedette du jour, qui a dénoncé au passage « les mensonges, la manipulation, les actes de détournement et la banalisation de la corruption ». Selon Jean Marc Kabund, il a essayé en vain de rappeler à l’ordre jour et nuit Félix Tshisekedi, ajoutant avoir été l’homme qui disait au président de la République des choses qu’il ne voulait pas entendre. A la place, a-t-il ajouté, « le pays a sombré dans la prédation, la corruption institutionnalisée ».
Sur le plan strictement politique, le néo-opposant au régime a dit sa déception d’annoncer à l’opinion que “le régime Tshisekedi a décidé de mettre en péril la périodicité, la sincérité et la transparence des élections, en préparant le glissement ainsi qu’en organisant une fraude massive aux élections. Le plan de Félix Tshisekedi et de s’attribuer 300 sièges à l’Assemblée nationale », a-t-il martelé.
Les “oppositions” en embuscade…
A Kinshasa, des observateurs prédisent une accélération des agendas des différentes factions politiques en place à pratiquement une année et demie des prochaines échéances électorales. La semaine dernière, le PPRD de l’ancien président Joseph Kabila avait menacé par la bouche de son secrétaire permanent Emmanuel Ramazani Shadari, d’invoquer l’article 64 de la Constitution en cas de non-respect de dépassement du calendrier électoral. De son côté, l’ECIDE de Martin fayulu avaient annoncé la candidature non négociable de son champion à l’élection présidentielle.
Dans la capitale congolaise, analystes et observateurs se trouvent désormais en attente de la réaction du régime en place face aux tirs groupés de Jean-Marc Kabund contre le président Félix Tshisekedi. Va-t-il recourir à la méthode forte et museler le désormais nouvel opposant comme cela se murmure dans certains cercles, ou compte-t-il y répondre par des arguments formels ? Quelques heures seulement après la conférence de presse de Kabund, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya a déclaré que les propos de ce dernier étaient truffés de contrevérités et qu’il se faisait un devoir de les détricoter dans les prochaines heures, notamment sur les vrais motifs de sa défenestration du parti.
Il n’empêche que les prochaines semaines risquent d’être riches en rebondissements politiques en tout genre, tant au sein de la majorité que des oppositions dans le microcosme politique congolais. Il est aussi un fait que le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi voit ainsi s’ouvrir devant lui un nouveau front, lui qui était déjà en butte au front diplomatique et sécuritaire de la crise de l’est et du front social de plus en plus menaçant.
Sans doute que les observateurs de la complexe scène politique congolaise n’ont pas fini d’en voir des vertes et des pas mûres. Lire aussi: Assemblée nationale : Jean-Marc Kabund démissionne de son poste de Vice-président
Lolo Luasu B.