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Le bal des désespérés de l’UDPS

Campagne Eteni

Campagne Eteni

Tribune de Guy Essomba

Avant août 2019, ils étaient avec le peuple, ils étaient dans le peuple, ils étaient le peuple. A l’époque, aux côtés des combattants, ils criaient à hue et à dia « Le Peuple d’abord » ils ne rataient aucune manifestation, aucune marche de revendication, même les plus petites réunions, ils y étaient les plus assidus.

Certains ont élu leur domicile à la 12ème rue de Limete (siège du parti) qui ne désemplissait pas. Les domiciles respectifs du président intérimaire et du secrétaire général de l’UDPS étaient pris d’assaut. Les curriculums vitae falsifiés pour les uns, sincères pour les autres s’entassent sur les bureaux.

Ils, c’étaient les ministres UDPS du gouvernement de la coalition FCC-CACH. Puis vint le temps de la grâce, les plus chanceux se sont vus nommés ministres de la République. Dans leur nouvelle posture, ils ont abandonné le combat aux combattants, le slogan « le peuple d’abord » est devenu un vœu pieux.

Pour ne pas le nommer, Eteni Longondo ne décroche son téléphone que pour répondre aux appels de son excellence ; entendez Félix Tshisekedi ou pour passer des appels. Junior Mata, le jeune vice-ministre UDPS a failli être lynché au siège du parti par des combattants en colère car près d’une année après sa nomination, il n’a plus été aperçu à la 12ème rue. Idem pour les autres ministres UDPS qui ont tous lâché les amarres avec les combattants. Le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur Gilbert Kakonde, se vantant de sa position de 3ème personnalité du gouvernement et de son amitié avec le président ne se sent en rien redevable au parti.

Les vrais militants de l’UDPS, ceux qui ont sacrifiés leur vie pour l’avènement de l’alternance sont délaissés au profit des copains mais surtout des coquines. Les cabinets ministériels sont remplis des cousins, neveux et maitresses sans références académiques. Les combattants, devenus l’ombre d’eux-mêmes, sont des pestiférés, la préférence étant faite pour les exilés européens, américains ou canadiens. Le plus grand combattant devenu président de la République est inaccessible, en son absence, les roitelets imposent leur loi.

Le bal des désespérés

La vie étant un cycle, la nuit est brusquement tombée le 23 octobre dernier sur leur tête avec la fin de la coalition qui dirigeait le pays et la naissance de l’Union sacrée. Il faut redistribuer les cartes. Un nouveau premier ministre vient d’être nommé et dans l’attente de la formation du gouvernement, les désespérés ont repris leur bal avec cette fois-ci de grosses mallettes d’argent à distribuer pour s’assurer leur maintien au gouvernement. Un ministre qui, récemment encore, se vantait de sa trop grande promiscuité avec Félix Tshisekedi rase aujourd’hui les murs à la recherche d’un intermédiaire pour le reconnecter à son vieil ami. Lire aussi: Des candidats ministres battent ouvertement campagne pour entrer au Gouvernement

Entre-temps, des faits de détournement et de mauvaise gestion lui ont été reprochés, le président ne voulant pas s’encombrer de salissures a dû d’écarter de lui.

Nos grandes oreilles nous révèlent que certains d’entre eux passent la nuit dans leur voiture à la belle étoile devant les domiciles du président intérimaire et son secrétaire général dans l’attente d’une hypothétique audience. Ces derniers se font désirer car ils ont été aussi victime de l’arrogance de ces ministres qui se croyaient intouchables.

D’ailleurs lors d’une rencontre politique, Augustin Kabuya, qui est reconnu pour avoir le verbe toujours haut, a déclaré à l’intention des ministres sortants ; je cite : « il faut donner la chance aux autres membres qui ont milité pour la conquête du pouvoir » plus loin il poursuit : « quand ils étaient en fonction, certains parvenaient à bouder la hiérarchie du parti jusqu’au point de déléguer leurs représentants aux réunions où ils étaient conviés personnellement. Leurs actes d’indiscipline les rattrapent aujourd’hui ». La boucle est bouclée.

Le premier ministre doit rester coller à sa première déclaration et composer son gouvernement avec des technocrates.

Guy Essomba  

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