Les députés nationaux ont adopté, ce jeudi 19 septembre, la 82e prorogation de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Cette adoption s’est faite sans des députés du Nord-Kivu, Sud-Kivu et de l’Ituri. Ces derniers sont sortis de la salle de plénière en signe de protestation après adoption de la motion d’ordre du député Augustin Mulumba Kanza qui avait sollicité que l’examen du projet de loi sur l’état de siège se fasse sans débat.
Sur les 335 députés qui ont pris part au vote, 328 ont voté pour, 4 ont voté contre et 3 ont voté abstention. Cette nouvelle prorogation entre en vigueur dès le 24 septembre prochain pour 15 jours. Le texte a été présenté et défendu par Constant Mutamba, ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
Adopté en première lecture, le texte sera transmis au Sénat pour adoption en seconde lecture. Une fois adopté en des termes identiques, il sera envoyé au Président de la République pour examen en seconde lecture.
Les députés des provinces de l’est menacent de quitter l’Assemblée nationale s’ils ne sont pas écoutés
A l’extérieur du Palais du peuple, les députés des trois provinces de l’est du Congo ont laissé exploser leurs griefs : « notre indignation consiste à dire au président de l’Assemblée nationale qui a présidé la séance, qu’on était très malade de l’entendre se plaindre. On nous interdit de nous plaindre, nous qui subissons la guerre.
Et c’est ici le moment de dire au président de la République qu’il a intérêt à nous écouter pour que cette guerre prenne fin. Si aujourd’hui vous allez en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, et vous organisez un référendum par rapport à l’état de siège, à 100% ce sera non à l’état de siège. Mais, si l’organise un référendum : fermons les frontières avec le Rwanda, ce sera 100% oui pour la fermeture des frontières avec le Rwanda !
Et nous insistons, que même dans les négociations qui se tiennent, que ce soit à Luanda à Nairobi ou ailleurs, quand nous voyons les délégués qui nous représentent comme République démocratique du Congo, sans la présence des leaders de l’Ituri du Nord-Kivu ou du Sud-Kivu, nous sommes indignés !
Et pour mettre fin à ce clivage, nous insistons que dans les jours qui viennent si on ne nous écoute pas, notre présence ne se justifie plus au sein de cette Assemblée nationale ! Nous chercherons un lieu où nous irons discuter sur notre sort et du sort de notre peuple ! Nous sommes sérieux, j’insiste nous sommes très sérieux ! », a déclaré Justin Bitakwira.
Etat de siège, le business des officiers militaires ?
Des officiers des FARDC accusés d’entretenir le business de la guerre par le biais de l’état de siège : « nous avons la conviction aujourd’hui que l’état de siège est devenu un business pour les militaires, les généraux qui sont sur le terrain, et ça aujourd’hui. On sait le voir qu’il y a un conflit net entre la population et les officiers militaires qui sont sur le terrain et donc on les accuse d’exploitation illicite des minerais, de chercher plus l’argent que d’aller protéger la population ils ne se donnent pas à la guerre parce qu’il y a beaucoup de trafic entre les groupes militaires et certains officiers de cette armée… (…)
Il n’est pas dit que s’il n’y a pas état de siège le pays ne va pas combattre ! Nous avons l’armée qui est toujours disposée à combattre avec ou sans état de siège l’armée combat toujours nous voulons qu’il y ait de l’ordre pour que les choses puissent redevenir normales » , s’est indigné le député élu de l’Ituri, Gratian Iracan. Lire aussi : RDC : État de siège en Ituri : Trois ans après, un bilan sécuritaire sombre et plus de 2 000 civils tués – Infocongo