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Le Stratagème du Cheval de Troie : Histoire et applications modernes (Tribune libre de Willy Carlos Mpete)

Carte minière de la RDC

Carte minière de la RDC

Par Willy Carlos MPETE

L’histoire nous rapporte un stratagème militaire astucieux qui permit aux Grecs de s’emparer de la ville de Troie après de longues années de siège infructueux. Il s’agit du célèbre stratagème du cheval de Troie, inventé selon la légende par Ulysse. 

Confrontés à une cité fortifiée qu’ils ne parvenaient pas à prendre d’assaut malgré dix ans de combat, les Grecs eurent l’idée de construire un immense cheval de bois. Des guerriers furent dissimulés à l’intérieur tandis que le reste de l’armée faisait semblant de lever le camp. Les Troyens, croyant à une retraite de l’ennemi, firent entrer le cheval dans leur ville en signe de victoire. 

Mais durant la nuit, les soldats grecs sortirent du cheval et ouvrirent les portes de la cité à leurs compatriotes, piégeant les Troyens. La ville fut mise à sac. Bien que son historicité soit débattue, ce stratagème rusé est entré dans la légende comme un exemple d’astuce militaire.

Applications modernes du stratagème

Le stratagème du cheval de Troie, devenu célèbre dans le monde entier à travers l’épopée d’Homère, a trouvé écho durant les temps modernes dans des domaines aussi variés que la politique, l’économie ou l’informatique.

Les nouvelles formes de « colonisation » de l’Afrique

De la même manière, l’Afrique a pu être la cible, depuis la décolonisation, de nouvelles formes plus subtiles de mainmise sur ses richesses naturelles. Plutôt que le recours à la force, certains États ou multinationales ont eu recours à des “chevaux de Troie” diplomatiques et économiques pour tirer profit du sous-sol africain. 

Le cas de la République démocratique du Congo

Un cas emblématique est celui de la République Démocratique du Congo (RDC), dont le sous-sol recèlerait des ressources parmi les plus importantes du continent africain. 

Sous couvert de soutenir le nouveau pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, ils auraient en réalité cherché à installer des hommes à eux dans les institutions politiques et l’armée congolaise, afin de contrôler l’exploitation minière dans la région. Cet exemple illustre l’utilisation de la rébellion comme “cheval de Troie” pour infiltrer un pays cible et étendre son influence.

L’établissement de nouvelles formes de dépendance

Le dépeçage programmé de la RDC ?

De l’autre, la communauté internationale a exercé des pressions pour faire adopter un code minier favorable aux multinationales. Sous couvert de relancer l’économie, cette mesure légale ouvre en réalité un accès sans limites au sous-sol congolais.

Entre ces deux mouvements antagonistes, l’État congolais se retrouve progressivement vidé de sa souveraineté sur ses richesses et sur une partie de son territoire. 

Pire, cette mainmise risque d’attiser de nouvelles convoitises et d’alimenter une guérilla sans fin dans la région des Grands Lacs, victime désignée d’appétits voraces et d’ambitions géostratégiques rivales.

La nécessaire réappropriation des ressources nationales

Face à ce sombre tableau, comment la RDC et les autres pays africains ciblés pourraient-ils se prémunir contre de telles inerties ?

La manipulation des conflits identitaires

Outre l’accaparement des richesses, certains “chevaux de Troie” viseraient aussi à déstabiliser les pays cibles en alimentant les fractures identitaires.

Ainsi, derrière le discours des droits de l’homme, certains acteurs n’hésitent plus à attiser les braises des conflits ethnoreligieux pour affaiblir des nations indociles ou défendre leurs intérêts stratégiques. Un usage pervers des fractures identitaires qui gangrène la paix dans de nombreuses régions du monde.

La course aux matières premières de demain

Or, l’Afrique centrale et australe regorgerait de gisements prometteurs dans ces domaines. La RDC notamment détiendrait d’immenses réserves en coltan, cobalt ou lithium. 

Diamants non taillés

On comprend dès lors l’empressement de certaines puissances, comme la Chine, à tisser des liens étroits avec les pays détenteurs de ces métaux convoités, par le biais d’investissements massifs dans les infrastructures minières et énergétiques. 

Coltan exploité illégalement par le Rwanda en RDC (Ph. droitsbters)

Vers une géopolitique africaine du 21ème siècle

Au total, l’analyse des multiples “chevaux de Troie” visant le continent africain invite à repenser en profondeur ses liens avec le reste du monde.

Enfin, le renforcement des capacités étatiques en matière de souveraineté stratégique, notamment dans les domaines de la défense, du renseignement ou de la cybersécurité, apparaît comme une nécessité pour contrer les velléités expansionnistes ou les sabotages informationnels. 

Seul un tel sursaut permettra à l’Afrique de redevenir maître de son destin au 21ème siècle. Lire aussi : Pourquoi les États-Unis et le Royaume-Uni continuent-ils à soutenir le Rwanda malgré les crimes en RDC ? – Infocongo

Willy CARLOS MPETE

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