Plusieurs journalistes brutalisés et des manifestants molestés par la police jeudi matin à Goma (Nord-Kivu) dans l’est de la République démocratique du Congo, lors d’une marche contre les terroristes du M23 et la communauté internationale accusée d’inaction face à l’agression du M23.
Moses Sawasawa, un reporter photographe a été légèrement blessé à la main et son matériel endommagé lorsqu’un groupe de journalistes a été brièvement interpellé par la police. Par ailleurs, des manifestants ont été molestés lors de la dispersion musclée de la manifestation, qui n’avait pas été autorisée par la mairie.
« Je suis blessé à la main et au bras. Ma caméra a été brisée », a-t-il dit. « Je ne saurais pas vous informer ??? Non, un peu blessé et ma caméra brisée par les éléments de l’ordre, allô @PatrickMuyaya je continue à informer la population ou je laisse tomber, je n’ai pas des machettes ou une autre arme que ma caméra malheureusement pr moi », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Journalistes brutalisés et manifestants molestés par la police
Une journaliste, Arlette Bashizi, a quant à elle écrit : « Tout se passait bien lors de la manifestation pacifique à Goma jusqu’à ce que les policiers viennent ns sauter dessus pour ns arrêter, brutaliser et détruire nos cameras. Mais avec quoi allons-nous changer le narratif cher @PatrickMuyaya? Est-ce un crime être journaliste en RDC ? »
Pour rappel, une centaine de manifestants avaient commencé à marcher à l’appel d’une « synergie des mouvements citoyens et groupes de pression » quand la police est intervenue pour les disperser. Certains ont toutefois continué leur chemin jusqu’à la base logistique de la mission de l’ONU en RDC (Monusco). Leur sit-in devant les locaux de la force onusienne a également été dispersé.
Les slogans et calicots des manifestants clamaient notamment « la Monusco doit partir », « non à l’embargo contre la RDC », « non à la complicité internationale contre la RDC » et mettaient aussi en garde contre la participation de l’Ouganda, dont ils se méfient presque autant que du Rwanda, à la force régionale Est-Africaine en cours de déploiement pour lutter contre les groupes armés.
Slogans hostiles à la MONUSCO et à la communauté internationale
« Nous sommes venus dire à la Monusco de partir. Depuis plus de vingt ans qu’ils sont là, aucun groupe armé n’a été défait », déclarait Emmanuel, un manifestant. « Qu’ils lèvent au plus vite l’embargo contre la RDC afin que nous puissions nous doter des armes nécessaires », ajoutait-il, estimant qu’il y a « rupture » avec « les USA, la Grande-Bretagne, la France ».
Un mini-sommet organisé le 23 novembre à Luanda avait donné jusqu’à dimanche soir aux rebelles du M23 pour se retirer des zones qu’ils ont conquises ces derniers mois, faute de quoi la force est-africaine, dont des éléments kényans sont déjà à Goma, emploierait la force pour les déloger.
« Le délai a expiré. Les Kényans doivent attaquer ou regagner le Kenya », estimait parmi les manifestants Jack Zinzahera, du mouvement citoyen Amka Congo. Lire aussi: Violents combats entre M23 et autres groupes armés à Kishishe