US Dollars

Le dernier rapport de l’IGF sur la mauvaise gestion des fonds alloués aux activités du Ministère de la santé conforte la dénonciation faite par le Journal « Le Monde des Affaires » en 2020.

Il a donc fallut attendre ce rapport que l’Inspection Générale des Finances (IGF) a adressé au Ministre Jean-Jacques Mbungani, après avoir réalisé un contrôle dans plusieurs projets du ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention ; notamment le PEV, PNSR, CAGF, PDSS, pour se rendre compte de l’ampleur du mal, caractérisé par de nombreux abus et détournements des deniers publics.

Et pourtant, nous avions, en son temps, relayé les faits publiés par « Le Monde des Affaires » sur base des enquêtes réalisées au Programme National de la Santé de la Reproduction (PNSR) à l’époque.

Le ministre de la Santé Jean-Jacques Mbungani et Jules Alingete, chef de service IGF

Aujourd’hui, le rapport de l’audit mené par l’Inspection Générale des Finances corrobore les faits relayés par la presse sur l’existence d’un réseau mafieux au sein du Ministère de la Santé.

Rapport accablant

En effet, concernant le PNSR, le rapport de l’IGF relève « la non justification de fonds, la non maîtrise par  la direction du PNSR des activités financées directement par les partenaires techniques et financiers (PTF) qui réalisent les activités en lieu et place des structures étatiques, justifient elles-mêmes à telle enseigne que la direction se trouve spectatrice et dans l’impossibilité de déterminer le coût réel des activités réalisées dans son secteur d’intervention et d’évaluer le niveau de décaissement effectif de fonds par les partenaires techniques et financiers (PTF) au regard de leurs engagements financiers suivant les accords de partenariat ».

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Les réalisations des PTF, malgré les millions décaissés, ne sont ainsi pas ou très peu palpables dans la communauté. De ce fait, des agents et cadres du PNSR sont à la merci de ces partenaires devenus tout puissants car pourvoyeurs de missions non justifiées et autres avantages.

Siège du PNSR
Siège du PNSR à Kinshasa

Ces faits relevés dans le rapport de l’IGF ont comme conséquence la faible performance de ce programme capital pour le pays.

Cependant, des sources bien informées renseignent que ce sont l’ancien Secrétaire Général à la santé, Sylvain Yuma Ramazani et le Dr Arsène Binanga de Tulane University qui sont les instigateurs intellectuels de ce vaste réseau maffieux qui gangrène le Ministère de la Santé depuis des années. Ils prennent en otage tous les différents Cabinets des ministres de la Santé et ont réussi à faire mettre en prison deux ministres successifs de la santé.  

Cols blancs et cie

Ces véritables criminels à col blancs ont réussi à tisser leur réseau en plaçant des Directeurs des Programmes, des Hôpitaux et de Directions du Secrétariat Général à la Santé, des Chefs de Division et de Bureaux des Programmes acquis à leurs causes et qu’ils manipulent à leur guise.

Aucun service n’échappe ainsi à leur mafia. Ceux qui s’opposent à leur toute puissance en subissent les conséquences :  ils sont soit permutés, ou il sont remplacés à leurs postes par des Directeurs plus dociles. Les cas sont multiples.

L’actuel Ministre de la santé est déjà sous l’emprise de l’ancien Secrétaire Général à la santé, le Dr Sylvain Yuma Ramazani qui a réussi à se faire réintroduire au cabinet du ministre de la Santé en se faisant créer un poste de consultant chargé des PTF, afin d’encore mieux manipuler le ministre et les fonds des PTF comme il en a pris l’habitude, tel que décrié par le rapport de l’IGF.

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Mafia à très grande échelle

Le rapport d’audit mené par l’IGF, à sa propre demande aidera-t-il le Ministre Mbungani à sortir des tentacules du système maffieux mis en place par Sylvain Yuma Ramazani et cie,  et à redorer le blason du secteur de la Santé en général ? C’est là toute la question…

La mise en place d’un système de contrôle des appuis des PTF, l’évaluation, par différentes parties du Gouvernement, des résultats obtenus sont quelque solutions pour la réalisation concrète des œuvres attendues par les donateurs de milliers de dollars d’appui. Autrement, une clique de criminels sociaux et économiques va continuer à s’en mettre plein les poches au détriment des bénéficiaires vulnérables.

Le Procureur de la République devrait se saisir de ce rapport de l’IGF avec flagrance afin de mettre la main sur les auteurs de ces crimes pour que cessent ces détournements et autres actes criminels dans ce secteur prioritaire du programme du Chef de l’État.

Après ce rapport accablant sur le fonctionnement du ministère de la Santé, l’actuel patron de la Santé ne devrait s’en prendre qu’à lui-même s’il se retrouve, comme ses deux prédécesseurs, entre les mains de la justice pour justifier ce que Sylvain Yuma Ramazani lui aurait fait endosser.

A bon entendeur, Salut !

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