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A la découverte du village Bondeko

Fleuron de la prise en charge des personnes vivant avec handicap en RDC, le village Bondeko accueille dans 24 centres sociaux scolaires et une salle orthopédique pour la formation des enseignants.

Entretien-état des lieux avec Sacrifice Anakambi Mangenza, Directeur des Ressources Humaines du village Bondeko, formateur à l’Ecole Supérieure Orthopédagogique, et spécialiste en handicap mental.

Sacrifice Anakambi Mangenza, Directeur des Résources humaines du Village Bondeko

Quid le village Bondeko ?

C’est une institution diocésaine de l’Archidiocèse de Kinshasa qui assure la prise en charge des Personnes handicapées. Il est présent dans 14 communes de Kinshasa avec 24 centres sociaux scolaires et une salle orthopédagogique qui assure la formation des enseignants qui à leur tour, vont aussi prendre en charge les élèves aux différents centres que nous avons ici. Au niveau de l’école supérieure orthopédagogique, nous formons des spécialistes pour l’enseignement des sourds, des handicapés mentaux et, à une faible proportion, les enseignants pour la prise en charge scolaire des élèves ayant le handicap visuel ?

Vous existez depuis combien d’années ?

C’est depuis 1980. L’idée est partie de son Eminence feu Cardinal Albert que Malula qui avait pris l’initiative à l’occasion du 2ème centenaire de l’évangélisation du pays de pouvoir créer un monument. Au fait, il fallait créer des centres qui devraient prendre en charge les personnes handicapées de manière à pouvoir faciliter leur intégration dans votre société. On est parti avec 600 personnes handicapées attachées à nos paroisses et aujourd’hui on va à un nombre croissant.

Pourtant, le constat est que ces personnes sont presque abandonnées ?

C’est un constat qui est varié. Nous sommes seulement dans 14 communes. Quand vous observez dans la seule commune de Kinshasa, vous remarquez qu’il y a plusieurs écoles ordinaires, mais il n’y a qu’une école pour personnes handicapées aussi petit par rapport à toutes ces personnes handicapées. La mission est abondante mais les ouvriers peu nombreux car bien des gens …

Qu’est-ce que vous êtes venu chercher dans un domaine aussi compliqué ?

Oui, c’est vrai. Parfois j’ai difficile à expliquer cela. C’est parti comme une aventure. J’ai fait mes études universitaires en pédagogie appliquée et puis je me suis tapé un petit boulot au niveau de la SNEL à l’époque, et tout d’un coup à la SNEL, les choses n’ont pas marché. Avec la foi, je me suis dit qu’il faut prendre en charge les enfants de la rue qu’on appelait à l’époque « les moineaux ».

J’ai pris soin de les encadrer et l’aventure est partie comme cela, j’ai vu un je n’en revenais pas, je me suis dit comment ils peuvent être aussi bizarre que ça. J’ai été pris par la pitié et je me suis engagé. J’ai dit au départ que je ne ferai que quelques mois, le temps d’un trimestre et je repartirai pour autre chose, travailler dans une structure d’enseignement ordinaire parce que le Collège Boboto m’attendait. Mais, mon Dieu ! Je suis resté scotché ici jusqu’à ce jour et je suis devenu vieillissant déjà. Maintenant là, c’est plus qu’une violation. Nous ne les appelons plus les élèves mais Baleki, vu le rapprochement qui existe désormais entre nous.

Comment est organisé le cycle de formation ?

Il répond au système éducatif congolais. Nous avons le cycle maternel, le primaire, le maternel et le secondaire. Pour ceux du primaire, ils ont fait le TENAFEP et ceux du secondaire ont fait les examens d’Etat. Nous n’avons qu’une école secondaire où nous organisons deux sections. La section coupe et couture et la section pédagogique.

L’année passée, on a aligné dix élèves qui ont pris part aux ExEtats à part égal, cinq en coupe et couture et cinq en pédagogie. Et tous ont réussi. Mais lorsqu’ils reçoivent leur diplôme, il se pose un problème de leur orientation, parce que la structure de l’éducation du Congo n’est pas assez outillée pour les prendre en charge au niveau universitaire. Ceux qui ont fait la pédagogie reviennent souvent ici chez nous à l’école supérieure pour apprendre la pédagogie appliquée pour handicapés et sont engagés comme agents de l’Etat, et ils sont payés à la fin du mois comme vous et moi.

Qui est une personne handicapée d’après un spécialiste comme vous ?

C’est une personne à part entière comme toi et moi, à la différence que les concours des circonstances ont fait que la personne se retrouve comme diminuée sur le plan de la mobilité, sur le plan intellectuel et sur le plan écoute, sur le plan visuel. Ce sont des personnes singulières et ordinaires parce que c’est comme vous et moi et singulières parce qu’elles ont un handicap.

Une recommandation à l’Etat Congolais ?

Beaucoup des recommandations à l’Etat congolais, mais je me dis est-ce que l’Etat saura tout faire, je me dis non. La première que je peux formuler c’est d’interpeller tout le monde. Je dis la manière dont toute société se montre trop humaniste, c’est dans la façon dont elle considère les plus faibles d’entre eux. Si l’Etat voudrait bien avoir une recommandation de ma part, que l’Etat ouvre l’œil, l’oreille, toute sensibilité pour mettre dans des conditions les meilleures des personnes handicapées et les structures qui les encadrent sans oublier les associations des personnes handicapées qui sont aussi nombreuses en RDC.

L’appellation n’est pas du tout bonne. C’est l’explorateur anglais  Dan et d’autres explorateurs anglais qui ont colonisé la Mongolie, et ils croyaient que les trisomiques qui existaient en Angleterre venaient de la Mongolie.

Mais aujourd’hui les Mongoliens ne peuvent pas accepter cette dénomination. Ce sont des personnes atteintes de trisomie 21. Le syndrome de Dan qui n’est pas au fait une maladie. C’est tout simplement la présence d’un chromosome de plus à la 21 ème paire des chromosomes parce que les chromosomes, il y en a 23. Mais au 21 ème chromosome, au lieu d’avoir deux chromosomes, il y en a trois et c’est ce qui fait que l’état de la personne soit ce que nous constatons, celui d’une différence intellectuelle avec des difficultés de prononciation, parfois avec des difficultés de respiration, des problèmes cardiaques et tout ce que vous constatez.

Jacques Kalokola

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