C’est au cours d’une soirée de retrouvailles, de fraternité, d’amour, d’amitié et de partage entre frères et sœurs, entre cadres et partenaires socio-politiques ayant comme trait commun l’appartenance à l’Espace Grande Orientale, subdivisée aujourd’hui en quatre provinces : Bas-Uele, Haut-Uele , Ituri et Tshopo que sénateurs, députés nationaux et notables de ce grand ensemble se sont retrouvés le vendredi 14 juin 2018 au Roméo Golf dans la Commune de la Gombe.
Une rencontre des fils et filles d’un même espace géographique
En effet, l’un des organisateurs de cette soirée, l’honorable député national Xavier Bonane ya Ngazi, élu de Dungu, a fixé l’assistance sur la raison d’être de cette rencontre en cette période particulière de l’histoire de la RDC, après l’alternance politique teintée d’une passation civilisée du pouvoir : « Nous avons voulu nous réunir aujourd’hui pour partager ensemble la ferme conviction qui nous anime, pour affirmer que les frontières qui séparent, depuis plus de trois ans, nos quatre provinces, nos quatre anciens districts ne sont pas des barrières, mais plutôt des voies de communications qui permettent une division administrative et politique, qui se fait entre frères et sœurs. Car, comme le dit si bien un proverbe chinois : quand deux frères travaillent ensembles, les montagnes se transforment en or. »
L’ancien Secrétaire général du gouvernement a rappelé aux siens qu’en ce moment précis de l’histoire politique du Congo, il est impérieux que les fils et filles de cet espace prennent des engagements forts qui correspondent réellement à la géopolitique nationale de la Grande Orientale en RDC, et envisager des synergies politiques communautaires plus larges et plus englobantes pour affirmer le poids politique incontournable de la Grande Orientale.
Apprendre à vivre ensemble malgré la division administrative
C’est pourquoi, il a émis le souhait de briser le silence tout en évitant de rester attentiste et de privilégier les actions individualisées ou cultiver le chacun pour soi, qui ne pourra que conduire vers la perdition et effacer en plus les acteurs politiques de ce grand ensemble de la vie politique nationale : « Pour sortir de ce cycle infernal, nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », apostropha-t-il Martin Luther King.
Il a salué ensuite la contribution, en terme de sagesse et d’intelligence des Patriarches, les Pères Fondateurs de la force de la Grande Orientale, tout en implorant la protection du Dieu Tout Puissant sur ce dernier, afin que les fils et filles de cette contrée puissent continuer à bénéficier de leur bénédiction : « Ils nous ont tous conseillé de travailler pour la mise sur pieds d’un leadership concerté en vue de la mutualisation de nos efforts de développement communautaire dans un cadre formel de concertation et de gestion des ambitions et des opportunités qui se présentent pour le développement de la Grande Orientale. Concrètement, nous nous réunissons ce soir pour affirmer à la face de la communauté nationale que l’Espace Grande Orientale existe et est déterminé à jouer un rôle de premier plan sur l’échiquier politique de la RDC. »
Enfin, l’honorable Xavier Bonane ya Ngazi a souligné que cette rencontre est focalisée, de manière ponctuelle, à l’analyse de la situation politique de l’heure, mais surtout pour jeter un fondement solide et formel pour l’avenir à travers une structuration de l’Espace Grande Orientale.
Déclaration politique de l’espace Grande Orientale
Cette soirée a été sanctionnée par une interpellation du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi Tshilombo par les députés nationaux, sénateurs et notables de l’Espace Grande Orientale sur les enjeux de l’heure. Dans cette déclaration lue par le député national Faustin Toengao, élu de Kisangani et cadre du PPRD, l’Espace Grande Orientale salue la première alternance politique pacifique et civilisée aux termes des élections présidentielle et législatives du 30 décembre 2018. Elle salue et félicite l’élection et l’investiture de Félix Tshisekedi Tshilombo comme cinquième Président de la République Démocratique du Congo et son engament à travailler pour la consolidation de l’unité nationale, la paix, la démocratie et la participation par une représentation équitable de toutes les provinces à la gestion de l’Etat pour le bien-être social du peuple d’abord.
Regain de violence et activisme des groupes armés inquiéttants
L’Espace Grande Orientale fait cependant un constat amer sur les espoirs du peuple congolais en général et des orientaux en particulier, suscités par cette alternance, qui sont en train de s’éloigner à la suite du regain de violence du discours politique, de la relance de l’activisme des groupes armés entrainant des massacres à grande échelle des populations innocentes accompagnées des violations massives des droits de l’homme, laissant ainsi planer le doute sur l’avenir du pays.
L’autre constat malheureux observé est en rapport avec la mise en place des nouvelles institutions, la Grande Orientale se dit encore victime des injustices qu’elle a dû subir depuis plusieurs décennies et qui se manifestent tant dans la répartition des animateurs des grands projets de développement que dans la désignation des principaux animateurs des institutions politiques, entreprises et grands service de l’Etat, nonobstant sa forte représentation au niveau de l’Assemblée nationale, avec un records de plus de 60 députés nationaux, sans oublier son poids politique.
Préserver la paix et la cohabitation dans la Grande Orientale
A cet effet, tout en restant fidèle à ses idéaux républicains visant à préserver la paix et la cohabitation pacifique des différentes communautés ethno-tribales, linguistiques, principales valeurs qui l’ont toujours caractérisée mais, malheureusement, n’ont pas servi son émergence sur tous les plans ; déterminée à développer dorénavant une forte synergie des efforts de développement interne de ses fils regroupés dans les quatre provinces qui occupent son espace ; considérant ses potentialités humaines, économiques et socio-culturelles jugées suffisants pour son autonomisation et la prise en charge de son destin politique par elle-même, les députés nationaux, sénateurs et notables de l’Espace Orientale recommandent au Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo, ce qui suit : De rompre avec le silence et d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour restaurer un climat de paix et de sécurité nécessaire pour le bon fonctionnement des institutions et la relance des activités de développement socio-économique et d’accorder à l’Espace Grande Orientale un traitement juste et équitable en ce qui concerne la répartition du revenu national, l’affectation des grands projets de développement et la désignation des principaux animateurs des institutions politiques au Sénat et au Gouvernement, entreprises et autres Services publics de l’Etat.
Mobiliser les fils de la Grande Orientale
Aussi, l’Espace Grande Orientale s’engage à mobiliser toutes les énergies de ses filles et fils pour mener des actions politiques concertées en faveur du développement intégral de son espace et à mettre en place un cadre de concertation permanente, chargé de traduire ses aspirations politiques, afin de permettre le traitement synchronisé des problèmes communautaires et la recherche des solutions idoines pour l’ensemble des quatre provinces de l’Espace Grande Orientale.
Les faiblesses de l’espace Grande Orientale
D’aucuns se demandent pourquoi cette partie de la République démocratique du Congo n’arrive pas à aligner un leader sur le jeu politique depuis 1960 et ne compte jusqu’à ce jour aucun grand parti politique qui regrouperait ses fils et filles au vu de son importance démographique et le taux élevé de ses représentants à l’Assemblée Nationale estimé à plus de 60 %, contrairement à d’autres provinces démembrées qui ont chacune son leader et son parti national, comme c’est le cas au Grand Bandundu avec Gizenga et le Palu, au Grand Kasaï avec Etienne Tshisekedi et l’UDPS sans parler du Grand Katanga avec tant de leaders comme Kyungu wa Kumwanza et son UNADEF, Moise Katumbi avec son Ensemble, etc.
Enfin, dans la série des réactions l’on a noté la volonté du vivre ensemble de tous les participants à cette vieille tradition depuis le fameux démembrement, et où l’on a revu des figures emblématiques de ce grand ensemble comme Idambito, sénateur élu de Kinshasa et ministre honoraire sous Mobutu, Lombeya Bosongo, sénateur honoraire de la Tshopo, Atama Tabe, sénateur et ministre honoraire de la défense, Lola Kisanga, Sénateur élu du Haut-Uélé, Carole Agito, sénatrice élue du Bas-Uele et DG honoraire de la SONAS, docteur Antoine Modia, ADG des Cliniques de Anges, Docteur Anastasie Moleko, Député Honoraire de Basoko et tant d‘autres.
Mbororo indésirables et insécurité dans l’Ituri
Les intervenants sont largement revenus sur l’épineux problème des massacres en Ituri, sans oublier l’envahissement de cette partie du pays par les éleveurs étrangers Mbororo, qui sèment la désolation au sein de la population sous le regard impuissant des autorités civiles et militaires de l’Etat. D’où l’appel vibrant au Chef de l’Etat Félix Tshisekedi de rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la République en général, et dans l’Espace Grande Orientale. Puisse cette soirée qui s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, ne pas la être la dernière après le partage des postes!
Jacques Kalokola
