Centre de prélèvement anti-covid-19

Le 22 juin dernier, dans une lettre adressée au ministre congolais de la Santé publique, hygiène et prévention, Jean-Jacques Mbungani, l’Ambassadeur de l’Empire du Japon à Kinshasa, alertait le Gouvernement congolais sur une négligence manifeste des autorités sanitaires congolaises, dans le contrôle des voyageurs en partance pour l’étranger, plus précisément en voyage pour le Japon.

Hiro Minami, Ambassadeur du Japon en RDC
Hiro Minami, Ambassadeur du Japon en RDC

Dans sa correspondance, le diplomate japonais affirmait que son Gouvernement avait constaté « qu’entre le 31 mai et le 06juin, sur 10 voyageurs en provenance de la Rdc entrant au Japon, 2, soit un taux de 20%, avaient été positifs au niveau de l’aéroport d’entrée au Japon, alors qu’elles détenaient des certificats PCR négatifs ».

Dans le cadre des mesures d’endiguement de la pandémie du covid-19, le Gouvernement congolais a mis en place un dispositif dissuasif de contrôle des passagers au niveau des aéroports du pays, avec l’obligation pour tout candidat au voyage, de passer par un test PCR, délivré par l’INRB, moyennant le paiement de 30 dollars US, pour les voyageurs sortants, et de 45 dollars US, pour les passagers qui débarquent de l’étranger.

Le camouflet de l’ambassadeur d’empire du soleil levant

Cette remarque du Gouvernement japonais est donc une preuve vivante que ce dispositif n’est pas si étanche que ça, et présente un défaut quelque part. Les autorités japonaises exigent dans la même note au ministre congolais des enquêtes approfondies sur la manière dont Kinshasa délivre ses certificats PCR et sur leur fiabilité, allant jusqu’à demander des éclaircissements sur la façon dont Kinshasa organise sa riposte contre le covid-19, ainsi que sur la façon dont ses passagers sont acheminés de leurs résidences aux aéroports.

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En langage diplomatique, cela ressemble à un camouflet, et à un doute manifeste sur la capacité de Kinshasa à garder ses malades covid-19 chez lui, ou encore à des carences manifestes dans l’administration de ses tests anti-Covid-19.

Dès l’apparition de la 3ème vague de la pandémie, le Gouvernement congolais a annoncé toute une batterie de mesures, allant du couvre-feu préexistant, a des restrictions de rassemblement dans les lieux publics, en passant par le port obligatoire des masques. Mais très vite, des fissures béantes sont apparues dans ce dispositif.

Frontières poreuses

A Kinshasa par exemple, des passagers en provenance de l’extérieur, même des pays à fort taux de contamination comme l’Inde, l’Afrique du sud, ne sont pas retracé pendant leur séjour au pays, et certains ne se préoccupent plus du résultat de leur test de détection à l’arrivée.

Mais surtout, alors que la pandémie est montée en puissance avec l’arrivée du variant indien Delta, et que les salles d’urgences sont largement saturées, que les respirateurs font défaut, et que les morgues de la ville refusent des cadavres, le pays doit faire face à une grève du personnel paramédical, et du personnel médical commis à la riposte contre le covid-19, impayé depuis près de 8 mois.

Promesses, promesses…

Aux dernières nouvelles, le Gouvernement qui s’était pourtant engagé à débloquer la situation par des paiements bimensuels échelonnés, n’aurait débloqué que 2 millions de dollars US, sur les 10 nécessaires à la première échéance.

Equipe riposte covid-19
Equipe de riposte covid-19 en grève

 A tout ceci, il faudra ajouter la vénalité bien connue des milieux sanitaires congolais dans la prise en charge des malades. Alors que le Gouvernement avait décrété une prise en charge des malades covid-19 sur l’ensemble du pays, tests et prises en charge se monnaient dans la plupart des centres médicaux dédiés à la riposte.

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Le responsable du Secrétariat technique national à la riposte, le Professeur Muyembe Tanfum, qui avait lui-même contracté le covid-19, a avoué il y a deux semaines au cours d’un passage sur une radio locale, avoir déboursé 3.000 dollars US de sa propre poche pour ses soins. Lire aussi:Kinshasa : tous les centres de traitement contre le covid-19 paralysés par une grève